Dans des temps très anciens vivait à Gèdre un géant, qui à l’âge de 900
ans, décida de quitter sa région pour se réfugier dans la plaine de Camplong, sur la route d’Héas. Son nom Mulat-Barbe. Il vivait avec ses sept fils, pendant que les plus jeunes allaient chercher
du bois dans la forêt du Coumély, lui avec les autres s’occupait des troupeaux à longueur d’années, et de ses champs d’orge et de seigle, certains conteurs évoquent le sarrasin, mais il n’était
pas encore arrivé dans son territoire. Tout poussait alors, à son époque, en haute montagne. La fertilité de la nature était sans pareille. Mulat-Barbe et ses enfants lui rendaient la vénération
qu'elle méritait. Jusqu’au jour où un signe de feu, probablement un éclair gigantesque fut observé sur le Viscos, vers Saint-Sauveur. D’après les anciens ce devait être la fin de leur
temps, la guerre contre les chrétiens venu imposer leur Foi n’allait pas tarder à arriver jusqu’à eux. Six des enfants partirent combattre les intrus. Le dernier resta avec son père qui devenait
de plus en plus aveugle, normal vu ses 900 ans.
Réfugiés dans une grotte à l’Alhet d’Estaubé, un froid peu habituel se
fit sentir. « Fils dit- il va voir dehors ce qui se passe ! » Le fils revint très vite « Père il n’y a plus, ni herbe, ni pierre, ni chemin. Tout a disparu, tout
est blanc comme s’il y avait plu du sel toute la nuit » Mulat-Barbe demanda à son fils de lui ramener de l’extérieur ce sel bizarre, il toucha et senti cette curieuse matière. « C’est
de la neige mon fils »
- « Père comment le savez-vous ? »
- « C’est un vieux magicien, il y a fort longtemps, il m’a prédit
qu’un jour la terre serait recouverte d’une poudre blanche plus froide qu’un jour sans soleil et plus brillante au soleil que l’eau des torrents qui brulerait l’herbe. Il m’a alors dit ce
jour-là ce sera la fin de votre monde, et le commencement du règne des chrétiens. Va, mon fils, je vais mourir ici, tu m’enterreras et tu iras plus bas dans la vallée où l’herbe pour nos
troupeaux est encore verte. »
Ainsi fut fait Mulat Barbe fut tué par son fils avec une faucille d'or
et enterré pas très loin de la grotte familiale, vers le lac des Gloriettes ou le bois de Coumély. On ne se souvient plus très bien. Ce qui est sûr, c'est qu'à l’endroit de sa tombe l’herbe ne
pousse plus.
D’après certains linguistes, dont Xavier Ravier, Mulat signifierait
noir, mot qui a donné mulâtre et Barbe, bouc ou âne en langue basque ou aquitaine, ce n’est pas très clair. Cet âne- bouc mystique symboliserait la mort, celle des anciens temps.