Le Pont du Diable
"Il y a bien longtemps, quand le village de Saint-Pé était coupé en deux par le Gave de Pau et que la rive gauche s’appelait
Générès, il n’y avait pas de pont.
La route venant du Béarn serpentait sur cette rive, escaladait la crête des coteaux et s’en allait vers Lourdes. On
traversait, à cet endroit, la Génie, à gué, quand les eaux étaient basses ou sur des passerelles faites de troncs d’arbres et de bûches. Par temps d’orages, quand les eaux montaient les
passerelles étaient souvent emportées. L’hiver, au moment de la fonte des neiges, on ne passait plus. Sur chaque rive, charbonniers alors nombreux et bergers étaient isolés. Les
fermes bâties au pied des collines de la Garde et de la Pale se trouvaient coupées de la petite ville pendant des jours, voire des semaines…Sous la férule du maire de l’époque, on entreprit
alors la construction d’un pont.
Mais le petit torrent, aux eaux enchanteresses ou capricieuses, défiait alors l’habilité des maçons. On raconte même qu‘un
esprit malin s’acharnait à contrarier la réalisation de ce projet. Ainsi, tous les matins le pont était détruit. On s’accusa de toutes parts, jusqu’au soir où, raconte t’on, le maire inquiet que
cela lui coût sa réélection, passa un pacte avec le diable en personne.
eaux montaient, les passerelles étaient souvent emportées.
Après moultes péripéties, ce pont fut terminé et le maire réussit à se délier de son pacte avec le diable. La vie reprit son
cours, comme le torrent qui coule désormais sous le Pont du Diable. Le pont fut béni, le maire fut à nouveau élu et l’on planta trois croix. Une grande sur la placette au Bout du Pont où elle se
dresse toujours et deux petites, une de chaque côté du “Pont du Diable”, ainsi dénommé depuis ce petit matin pluvieux de septembre, il y a très longtemps. Cette campagne, où coule la Génie, porte
le nom de Trescrouts (trois croix)." Texte de Pauline OT de Saint-Pé.